Pourquoi se séparer de Matusiwa cet hiver alors que l’équipe est en lutte pour décrocher une place européenne et était encore en lice en Coupe de France avant son départ ?
1°/ L’incertitude des Droits TV
Comme la grande majorité des clubs de L1, le Stade de Reims a fait confiance à la Ligue qui promettait (une nouvelle fois) le milliard lors de la vente des droits TV.
Sauf que les négociations se passent mal pour la LFP qui doit revoir ses ambitions à la baisse. Exit le milliard, ils espèrent désormais en obtenir 800M€ pour la période 2024/2028 (200M€/an). Cette somme, qui ne sera probablement pas atteinte, devrait mettre de nombreux clubs français dos au mur puisque les droits TV sont la manne principale de revenus.
De plus, et pour ne rien arranger, il faudra déduire de la somme acquise, 13% qui ont été cédés à un fond d’investissement (CVC) pour une durée indéfinie. Cela signifie qu’à chaque fois que la Ligue recevra les droits TV des diffuseurs, ils devront en verser 13% directement à CVC.
2°/ Les investissements du club
Pour poursuivre son évolution et s’inscrire durablement dans le paysage du Football franças, le Stade de Reims continue d’investir massivement dans ses infrastructures avec l’agrandissement, l’amélioration et la modernisation du centre de vie. Ceci dans le but de développer la formation mais aussi d’attirer davantage de jeunes talents. Cette stratégie a un coût de plusieurs millions d’€.
Pour se donner les moyens de ses ambitions sur le terrain, le club a également effectué d’importants investissements sur des joueurs cet été avec les arrivées coûteuses de Nakamura, Daramy ou encore Okumu. Ces achats ont été permis par les ventes d’Ekitike, de Lopy et de Cajuste ainsi que les bonus perçus sur les reventes de Disasi et Touré.
Ces investissements sont étalés sur plusieurs années et nécessitent des rentrées d’argent régulières. Cependant, tout cela a été prévu par la direction puisque le budget pour la saison 2023/2024 a été validé par la DNCG et qu’aucune mesure restrictive n’a été prise par le gendarme financier du Football à l’encontre du club Champenois.
Le développement des infrastructures du club mais aussi de ses ambitions ont créé un déficit structurel qui ne peut être comblé par les revenus traditionnels (billetterie, sponsoring, droits TV) d’autant plus quand on n’a pas d’actionnaires qui injectent des millions d’€ pour combler les déficits.
3°/ Une offre irrefusable
Malgré l’importance d’Azor au sein de l’équipe, son profil ne crée pas l’engouement. La visibilité qu’offre le Stade de Reims en Europe est encore assez faible et la valorisation de ses talents est difficile, bien qu’en nette progression. Si le club lui a accordé un bon de sortie pour l’été 2024, il en disposait déjà d’un l’été dernier mais devant le peu d’intérêt que suscitait le joueur, la décision de le prolonger a rapidement été prise pour éviter qu’il ne parte pour une somme trop modeste en toute fin de mercato.
Mais alors pourquoi le pousser vers la sortie cet hiver ? Ce qu’il faut comprendre, c’est que son départ n’était pas prévu. A aucun moment le club ne s’attendait à recevoir une offre concrète aussi précipitée. Si la première offre de 13M€ a été refusée, le club n’a pas fermé la porte, restant ouvert à la négociation, comprenant bien que la situation du Stade Rennais était difficile et qu’il serait sans doute possible de faire une belle opération financière. Ce qui arriva. Si, de notre point de vue de supporters, le montant de la vente est relativement décevant, la réalité du marché est toute autre et le club a obtenu ce qu’il voulait voire même plus que ses espérances.
Conclusion
Ainsi en se mettant à la place de la direction du club qui prévoit sur plusieurs saisons, on peut comprendre que la vente de Matusiwa soit nécessaire au développement du club pour lui permettre de continuer sa mue. C’est un affaiblissement sportif sur le court terme mais un renforcement structurel sur du moyen/long terme. Cette politique peut paraître frustrante car on aimerait, en tant que supporters, voir notre club de cœur ne pas s’affaiblir en cours de saison afin d’obtenir des résultats rapidement après autant d’années d’attente. Mais il faut parfois savoir se montrer patient pour obtenir les fruits de son travail.
Comme le répètent la direction : « Le mercato d’hiver est un marché d’opportunité. » Il faut désormais intégrer que cette phrase vaut aussi bien pour les achats de joueurs que pour les ventes.