Arrivé au Stade de Reims à l’été 2020, Thibault De Smet franchit les étapes les unes après les autres avec le Stade de Reims. De ses débuts sous David Guion, au prêt à Beerschot jusqu’à sa place récente de titulaire, le latéral belge revient sur son parcours au cours d’une interview passionnante.
Sa formation et ses débuts
En 2012, le KAA Gent recrute deux De Smet : Mathieu, ton frère, et toi. Comment s’est passé cette période de formation en Belgique, aux côtés de ton frère ?
Avant Gent, j’étais avec mon frère à Bruges. Après, j’ai reçu le message que je ne devais pas rester à Bruges. Mon frère pouvait rester, mais pour mes parents c’était un peu difficile : moi à Gent, mon frère à Bruges… Donc mon frère, qui a deux ans de moins que moi, est allé avec moi à Gent, on est tous les deux partis. Là-bas ça s’est bien passé pour moi, pour mon frère aussi. Mais après, il est parti à Zulte-Waregem, une autre équipe en Belgique.
Moi je suis resté à Gent, parce que c’était bien pour moi. J’ai joué dans les équipes de jeunes, après avec la deuxième équipe, et comme ça je suis allé dans l’équipe première, avec Thomas Foket. J’étais là quand on a joué Tottenham en Europa League, j’étais sur le banc mais c’était une bonne expérience pour moi, pour évoluer dans ma carrière.
Effectivement, tu as intégré le groupe professionnel à 18 ans seulement. À cette époque, tu rêvais de quel type de carrière ? Si on avait posé la question au Thibault de 18 ans, où se serait-il vu aujourd’hui ?
Jouer en Belgique c’est bien, parce que c’est mon pays d’origine. Mes parents et mes copains sont là donc c’est toujours chouette. Mais si tu es ambitieux tu veux être plus haut possible. Maintenant, Reims c’est une bonne étape dans ma carrière. En début de saison, je ne pensais pas jouer autant que maintenant, parce que la saison passée a été difficile. Donc c’est toujours bien de rêver, mais pour l’instant je suis content d’être ici et je veux évoluer ici.
Avant d’arriver ici, on t’a quand même vu, avec Gent, être capable de dribbler deux joueurs avant de frapper en lucarne, du pied droit en plus !
C’est mon meilleur moment je crois !
Pied droit en plus… On ne pensait pas que tu avais les deux pieds !
Oui, une fois dans ma vie peut-être (rires).
Mais la vraie question est : comptes-tu la refaire une fois à Delaune ou pas ? Parce qu’on aimerait bien voir ça de nos propres yeux !
J’espère, mais ça c’est sans réfléchir… Si je réfléchis trop ça ne marche pas. Mais si ça marche à Delaune ce serait magnifique oui !
Ses premiers pas à Reims
Après deux saisons à la Gantoise, tu pars donc à Saint-Trond pour obtenir du temps de jeu et lancer ta carrière. Ta saison est plutôt réussie malgré quelques pépins physiques, et c’est là-bas que Reims vient de chercher. Comment se passent les premiers contacts avec le club ?
Reims m’avait déjà contacté quand j’étais à Gent, mais pour moi c’était un peu tôt… Je n’étais pas encore prêt pour venir ici. Je n’avais pas beaucoup joué et je voulais encore du temps de jeu en Belgique. Donc pour moi, Saint-Trond c’était bien. Avec le Covid-19, c’était un peu dommage que le championnat soit arrêté plus tôt, mais Reims était encore là pour me contacter, pour savoir comment ça se passait et comment je me sentais pour venir. J’ai décidé de venir ici parce que c’était une bonne chance dans ma carrière, et je suis content d’avoir pris cette chance.
Tu arrives donc à Reims en tant que doublure de Ghislain Konan, et tu as l’opportunité de disputer huit matchs de Ligue 1 lors de ta première saison en Champagne. Quelles ont été tes premières impressions sur le championnat ? Y a-t-il un réel palier à franchir par rapport à la D1 Belge ?
Le championnat de France est sous-estimé. Beaucoup de gens croient que c’est une compétition moyenne, un peu plus facile que l’Italie ou l’Espagne, mais c’est vraiment une compétition dure. Thomas Foket me l’avait dit aussi ! Donc c’est du haut niveau, avec des bons joueurs. Avant que je ne vienne ici, je savais que ça allait être dur. Je savais aussi quand je suis arrivé que Konan était sur mon poste, donc que ça allait être difficile. Mais Reims a un plan avec moi, pour évoluer petit à petit.
La saison dernière, tu as donc été prêté à Beershoot. Cela faisait-il partie du plan que tu as précédemment évoqué ?
Polo (Pol-Édouard Caillot, ndlr), Mathieu (Lacour) et la direction voulaient que je reste avec Óscar García, que je sois encore un petit peu patient. Mais pour moi c’était difficile, parce que huit matchs dans une saison ce n’est pas beaucoup… Donc je voulais jouer. Et le nouveau coach Óscar García m’a dit : « Oui, c’est peut-être mieux que tu joues dans un autre club pour avoir du temps de jeu ». Alors j’ai pris cette décision pour jouer.
Avec la relégation avec le Beershot, sur le plan sportif ce n’était pas top… Ce n’était pas une bonne saison collectivement, et pour moi non plus parce que j’ai pris beaucoup de cartons.
La saison actuelle
Tu reviens donc à Reims cet été, mais tu vis plus ou moins une mise à l’écart sous Óscar García en début de saison. Y avait-il un souci particulier avec lui ? Connaissais-tu les raisons de ces non-convocations ?
J’ai eu une conversation avec lui pour savoir où j’en étais. Et il m’a dit : « Pour moi, si tu veux rester tu peux rester, mais il y a Thomas (Foket) qui peut jouer à gauche, il y a Max (Maxime Busi, ndlr), il y a Bradley (Locko) ». Et dans ma tête, je n’ai pas d’autre solution, en Belgique je n’ai pas beaucoup de clubs où aller. Donc je me suis dit : « Je reste à Reims, je travaille, j’attends l’opportunité ». Je suis resté et avec le changement de coach et l’arrivée de Will (Still), tout a changé pour moi. Avec la suspension de Bradley contre Nantes j’ai eu ma chance, et de là tout a commencé.
Comment expliques-tu ton retour en forme cette saison ? On a évoqué le fait que Will Still t’avait montré d’anciennes séquences vidéo de tes matchs, cela a-t-il été un réel déclic pour toi ?
En fait, je l’appelle juste avant le match de Nantes. Il m’envoie un message pour savoir comment je me sens, etc… Je suis dans mon canapé dans mon appartement. J’ai dit que je me sentais bien, donc j’ai déjà eu une réflexion sur le fait que, peut-être, je jouerai le lendemain contre Nantes. Il m’a dit : « Viens demain dans mon bureau, on va parler un peu ». Le lendemain, je suis arrivé et il m’a montré quelques vidéos de moi à Gent, à Saint-Trond et des vidéos de l’entraînement à Reims sur des points que je dois encore améliorer. Donc oui, ça m’a aidé. Il m’a donné de la confiance, dit de ne pas réfléchir beaucoup et de me donner à 100%. Donc j’ai joué mon match et ça s’est bien passé.
Justement, comment décrirais-tu ta relation avec Will Still ?
Je le connaissais déjà d’avant, pas très bien mais je le connaissais de nom. On parle la même langue. Will, c’est une personne qui parle avec tout le monde, donc je suis dans mon confort maintenant, sur le terrain comme à côté. Ça aide de parler avec le coach et avec tout le monde.
Sur un plan plus collectif, qu’est-ce qui a changé lorsque qu’il a été nommé entraîneur principal ?
En fait, Will était déjà proche de tout le monde. Il venait dans le vestiaire te parler comme si ce n’était pas un entraîneur. Après, il était notre entraîneur et il est resté lui-même. Tactiquement, il veut presser haut et l’équipe le fait bien. On veut jouer, on veut le ballon et ça marche. Si on récupère haut, on est déjà proches du but adverse. Il a son style, sa vision du foot, ça se voit et ça marche bien avec cette équipe.
Nous, on a l’impression que les principes de jeu que tu décris étaient aussi voulus par García à son arrivée, mais qu’on ne le voyait pas forcément sur le terrain…
Je n’ai pas longtemps travaillé avec Óscar García parce que je n’étais pas vraiment dans le groupe, donc je peux pas vraiment dire…
En arrivant, il avait déclaré sur RMC vouloir « jouer avec ballon comme Barcelone » (il coupe, et rit)
Tout le monde veut jouer comme Barcelone, c’est facile de le dire ! Mais si tu parlais avec l’équipe de ça, ce n’était pas possible… Avec Will ça marche. On a, pour moi, beaucoup le ballon et tout le monde aime ça donc c’est bien.
Au-delà des idées différentes entre ces deux coachs, les systèmes de jeu ont également évolué. Personnellement, te sens-tu plus à l’aise au poste de latéral gauche qu’à celui de piston gauche ?
Je préfère être à quatre derrière, comme on joue maintenant. J’ai joué aussi piston dans les autres clubs, mais pour moi c’est bien d’avoir un homme devant moi et de combiner avec lui. Avec Alex (Alexis Flips, ndlr) ça marche. Il est beaucoup à l’intérieur du jeu donc il crée des espaces pour moi à l’extérieur pour dédoubler. Donc non, pour l’instant c’est bien et avec Will on n’a pas joué avec trois ou cinq derrière, donc c’est un système qui marche oui.
Aujourd’hui, ça te permet d’enchaîner les titularisations. Si tu devais juger un peu tes performances, quel serait ton constat ?
Tout a commencé avec le match contre Nantes, parce que si je ne suis pas bon là, je ressors de l’équipe je crois. Je joue bien et l’équipe a gagné, donc ça a été. Après on n’a pas perdu pendant beaucoup de matchs, donc le coach n’avait pas de raison de changer. Les résultats et mes bonnes performances m’ont aidé à rester dans l’équipe. C’est vrai que je dois être performant, et avec Yunis (Abdelhamid) à côté de moi ça m’aide beaucoup, c’est un joueur d’expérience. C’est vrai que l’équipe joue bien, tout le monde joue bien et c’est grâce à l’équipe que je fais mes performances.
En lien avec tes performances récentes, as-tu été contacté ou approché par le nouveau sélectionneur de l’équipe nationale de Belgique ? On imagine que tu restes dans les petits papiers de la sélection, après avoir été sélection avec les U17, U19 puis les Espoirs.
Je n’ai pas eu de contacts avec l’équipe nationale, pas du tout. Mais après, Will nous a dit, à Foket et moi, que nous étions dans la pré-sélection. Donc ça déjà, c’est positif par rapport au travail qu’on fait.
Mais j’ai encore le temps pour continuer et progresser. Si je joue bien et que l’équipe aussi, peut-être que ça arrivera mais je ne réfléchis pas trop. Je veux être focus à Reims pour faire de bonnes performances ici. Après, on verra : si ça vient c’est très bien, sinon je continuerai. Mais non, je n’ai pas eu de contacts avec eux.
Tu es sous contrat jusqu’en 2024, est-ce que des discussions sont en cours avec le club pour une éventuelle prolongation ?
Oui, on parle de prolongation. Comme je l’ai dit, je suis content ici. Je veux encore jouer une saison, et après on verra.
Pour finir, il était impossible de ne pas terminer sur LA question du moment : Reims en Coupe d’Europe, une possibilité ou non ? Thibaut de Smet face à Di Maria, avec la Juventus qui termine 6ème de Série A, c’est jouable non ? (rires)
Tout le monde rêve de Coupe d’Europe, même si on ne s’est pas qualifiés contre Toulouse… Si on gagne, peut-être que ça aurait été nous en finale, mais c’est toujours facile d’en parler après.
On a cinq points de retard pour une place (huit désormais, l’entretien ayant été réalisé la veille du match de Rennes, ndlr). C’est dommage que l’on n’ait pas gagné contre Brest… Si on gagnait, on faisait une très bonne chose. Mais maintenant c’est comme ça, c’est Rennes et on regarde match par match. Il reste encore huit matchs avec Rennes, Lille et Lyon, trois équipes dans la concurrence directe. Donc oui, c’est possible mais on ne veut pas regarder encore trop haut.
C’est un rêve pour tout le monde, c’est bien de rêver. Si on peut aller avec Reims en Europe, ça sera magnifique. On revient déjà de loin dans le classement, on a fait des bonnes choses mais on veut plus, donc si ça marche avec Reims ce serait magnifique.
One thought on “Thibault De Smet : « Reims a un plan avec moi »”
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Bonne interview sur un joueur dont le niveau est souvent remis en question. Ça permet d’ouvrir la parole sur les protagonistes de « second rôle » de l’équipe derrière les médiatisés Balogun, Ito ou Agbadou.