Retour sur le Space d’hier soir en compagnie de @LeoToudone, chroniqueur chez Radio Roazhon qui nous parle de cette opposition entre deux équipes aux dynamiques différentes, mais aux objectifs similaires pour cette fin de saison.
A : On a parlé des nombreux profils de qualités qui émergent du côté du Stade Rennais, avec des moyens importants injectés dans le club ainsi que les récents parcours européens encourageants. Qu’est-ce qu’il manque à cette équipe pour briser le plafond de verre et intégrer, de façon viable, le top 4 du championnat ?
L : Assez difficile à dire. On est dans une période plus que compliquée où tout semble bancal du côté de Rennes, de manière inexplicable d’ailleurs. La première partie de saison était convaincante sur le plan des statistiques, et ce malgré le début de saison poussif avec la défaite d’entrée contre Lorient, la non-confirmation à Monaco, une défaite à Lens… Tout ne se goupillait pas bien. On a réussi à se relancer par la suite mais depuis la Coupe du Monde, Rennes est l’une des pires équipes du championnat avec une dynamique mauvaise en étant, je crois, la 15ème équipe sur la période. On n’arrive pas à enchaîner les performances convaincantes. On ne parvient pas à retrouver les forces qu’on avait la saison dernière. On ne peut passer outre la blessure de Martin Terrier cette saison qui a affectée l’équipe.
Reims a été l’équipe qui a cassée notre dynamique de 17 matchs, toutes compétitions confondues, sans défaite depuis le revers contre Lens à la fin août et invaincus en poules d’Europa League. C’est vrai qu’il y a eu quelques faisceaux d’indices avant la Coupe du Monde qui nous ont laissé entendre que la dynamique pourrait ne pas durer aussi longtemps que nous, supporters, puissions espérer. Reims a servi de rappel à l’ordre où derrière, on a su réagir face à Nice. Mais lors de ce même match, on perd Martin Terrier sur blessure, ce qui a occasionné beaucoup de changements aussi sur le plan tactique. Quand tout votre système est axé autour de lui, il y a tout qui bascule.
Il est difficile d’imaginer les éléments qui permettraient à Rennes de briser ce plafond de verre du top 4. Là, on espère aujourd’hui voir une équipe qui se remobilise. On a un coach qui est en perdition au niveau de ses idées et des joueurs qui ne savent plus quoi faire. Il est facile de se cacher derrière cela mais on sent qu’il n’y a plus d’esprit combatif. Il y a une fragilité mentale à toute épreuve, et on voit directement sur le terrain une équipe pas en confiance et facilement en danger. On espère d’ici la fin de saison avoir un sursaut, de sorte à ce qu’on puisse gratter la cinquième place qui nous semble de moins en moins acquise au fur et à mesure des journées qui passent.
A : D’après nos précédents invités, l’après-Europe fut difficile pour les clubs, qui ont peiné à reprendre du rythme en championnat. Qu’en est-il du côté du Stade Rennais, y a-t-il eu un rebond ?
L : J’en sais trop rien. Je ne sais pas s’il y a eu un réel rebond. Rennes a joué contre le Shaktar Donetsk, un club sur le plan historique important. A l’instant T, c’était probablement le meilleur tirage que l’équipe puisse avoir. Il y a évidemment le contexte avec la guerre où l’équipe évolue en dehors de ses terres. Ce n’était pas un avantage mais disons un inconvénient enlevé de jouer à l’extérieur. Tout était réuni pour que le Stade Rennais puisse créer l’émotion qu’on attend depuis que Génésio est en place sur le banc. On a assisté à une double confrontation entamée par un match aller cataclysmique, puis un match retour au Roazhon Park entaché d’un scénario cruel mais pas illogique compte tenu du manque de tranchant des Rennais. On ne peut donc pas se cacher derrière le caractère cruel du scénario. On n’a pas du tout fait le travail. L’équipe ukrainienne devait sortir et nous devions nous qualifier. Derrière cette désillusion, on se déplace à Nantes et on s’impose. Il y a aujourd’hui beaucoup de remises en questions sur les réseaux sociaux autour de la tactique de l’entraineur rennais. On l’a vu s’entêter dans un 4-4-2 avant de passer sur un 4-3-3 plutôt convaincant contre Clermont, cela, juste avant Donetsk. Beaucoup de supporters étaient surpris de voir le 4-4-2 reconduit pour l’Europe. Le match face à Nantes n’était pas une masterclass de football mais il faut savoir gagner de manière moins belle. Problème étant qu’on observe par la suite beaucoup d’inconstance. C’est beaucoup d’approximations, de naïveté. Rennes accueille Marseille, une équipe prenable mais on prend un but sur de la naïveté. À Auxerre, on a l’obligation de gagner pour croire au top 4 et finalement, c’était un non-match sur tous les plans. Ce qui est exaspérant à Rennes aujourd’hui, c’est ce discours : « Dans le football, il faut les ingrédients, les joueurs concernés… ».
Il y a beaucoup de propos redondants que cela en devient soporifique. On ne sait plus trop à quoi se rattacher. On se rattache maintenant à des bribes de matchs… L’équipe est aujourd’hui inconstante. On bat le PSG à deux reprises, chez nous puis chez eux. Et derrière, on peine à faire des prestations abouties contre Auxerre ou encore Lyon, où l’on a dix bonnes minutes, et derrière, c’est une descente en enfer où l’équipe s’écroule sur le plan physique et mental. Maintenant, on est en phase de voir un avenir européen très vide. Il reste 8 matchs et les espoirs ne sont pas optimistes du côté des supporters du Stade Rennais.
Question de Kelian : La communauté rémoise a souhaité en savoir davantage sur Amine Gouiri. Quelles sont les qualités du joueur et qu’est-ce qu’il apporte à cette équipe aujourd’hui ?
L : Amine Gouiri est arrivé cet été, en sachant qu’Arnaud Kalimuendo avait déjà rejoint le club. Tout ceci laissait présager que Bruno Génésio, souhaitait instaurer une double pointe à l’avant de l’équipe, d’où le fameux 4-4-2. C’est un système qui a correctement fonctionné sur la première partie de saison car il y avait Terrier. Le moteur a mis un peu de temps à se lancer pour Gouiri mais au moment de la large victoire contre Auxerre (5-0), on a vu une très belle entente entre les deux, qui a grandie lors des matchs qui ont suivis. Il sait utiliser les petits espaces. Il y a belle synergie qui s’est forgée entre les deux joueurs, au point de donner lieu à des situations très déconcertantes tant l’association Terrier-Gouiri rendait notre jeu imprévisible. Or, depuis la blessure de Martin et le retour de la Coupe du Monde, Amine Gouiri est en difficulté avec à peine 4 buts dans cette année 2023, là où il était à au moins 7-8 buts sur la première partie de saison. Les 4 buts de cette année c’est le doublé contre Strasbourg, un but en début de match contre Nice et un contre Lyon. Ça faisait une bonne dizaine de matchs qu’il n’avait pas marqué. Ce but va certainement lui faire du bien mentalement mais, aujourd’hui, ce n’est pas le joueur qui va porter notre équipe et la sortir de la situation actuelle. Car le collectif est tellement défaillant qu’il ne peut aider cette équipe. Le collectif est en perdition depuis le retour de la Coupe du Monde et il y a peu de points rassurants. Quand on observe le match face à Lyon et toutes les difficultés et limites de notre collectif, on imagine difficilement comment Amine Gouiri peut être l’élément individuel permettant de nous sortir la tête de l’eau. Pour qu’Amine Gouiri puisse montrer toute l’étendue de son talent, il nous faut nécessairement un collectif fort et rodé, ce qui manque complètement depuis le retour de la Coupe du Monde.
A : Pour refermer cet entretien, quel score vois-tu ce dimanche au Roazhon Park ?
L : Dans l’œil du supporter de Rennes, je vois bien le match se solder sur un 1-0 ou 2-1 pour Rennes, dans une rencontre laborieuse. Et avec davantage de recul en prenant la mesure des deux équipes, je vois les Rémois s’imposer tant le milieu de terrain est impressionnant. Sur un plan tactique, on a une déficience numérique dans ce secteur de jeu. Et puis, compte tenu des dernières oppositions, Reims est une sorte de chat noir et dans le contexte actuel des deux équipes, il est délicat d’envisager autre chose qu’une victoire rémoise.
