L’avant-match
La 12ème journée de Ligue 1 est très attendue dans la Cité des Sacres puisqu’elle correspond à la réception du PSG à Delaune, actuel deuxième de Ligue 1.
Les Parisiens sont sur une bonne dynamique en championnat : ils restent sur une série de quatre victoires consécutives et sont invaincus depuis le 15 septembre et une défaite contre l’actuel leader du championnat, l’OGC Nice. Néanmoins, si les résultats sont plutôt bons dernièrement, excepté cette défaite à Milan en milieu de semaine, le contenu est parfois poussif. L’équipe de Luis Enrique semble très irrégulière, se reposant trop souvent sur le talent individuel de ses attaquants. Pour son déplacement en Champagne, les Parisiens devront faire sans Hakimi et Kolo Muani, tous deux suspendus, ainsi que Danilo Pereira, Kimpembe, Nuno Mendes et Asensio convalescents.
Cet été, outre le feuilleton Mbappé qui a affolé les réseaux comme depuis plusieurs années maintenant, le PSG a continué sa mue entamée l’été dernier avec l’arrivée de Luis Campos. L’effectif a été particulièrement rajeunie. Exit les trentenaires stars que sont Messi, Neymar, Verratti, Sergio Ramos ou Icardi, place aux jeunes avec Zaïre-Emery, Kolo Muani, Gonçalo Ramos, Barcola, Ugarte et Kang-in Lee. Ces changements dans l’effectif ont été accompagnés d’un changement de staff : Christophe Galtier a été remercié et remplacé par Luis Enrique, l’ancien coach du Barça et de la Roja. Ces nombreux changements peuvent expliquer le déficit de résultat qu’a connu le club de la capitale en début de saison et l’irrégularité dans les performances de l’équipe. Le coach espagnol tâtonne encore et cherche la bonne formule pour optimiser au mieux son groupe.
Les Rémois aussi sont en bonne forme puisqu’ils viennent d’enchaîner trois matchs sans défaite dont deux victoires consécutives mais devront de nouveau composer avec quelques absents, notamment au milieu de terrain, puisqu’en plus des indisponibilités sur blessure d’Atangana, Nakamura et Ibrahim Diakité, s’ajoute celle de Teuma, suspendu pour accumulation de cartons jaunes. La bonne nouvelle vient cependant du retour dans le groupe de Munetsi après sa fracture du nez. Will Still sera également de retour sur le banc.
La dernière victoire rémoise à Delaune face au PSG remonte à mai 2019, lors de l’ultime journée de championnat qui vit les Rémois battre un PSG démobilisé. Ce match a permis à Chavarría de conclure de la plus belle manière son aventure en Champagne en inscrivant le dernier but du match au bout du temps additionnel face à la légende italienne, Gianluigi Buffon. La saison dernière à Delaune, le match s’est conclu sur un 0-0 où le PSG, réduit à 10 peu avant la mi-temps suite à l’expulsion de Sergio Ramos, n’a pu se défaire de valeureux Rémois.
Le film du match
Pour la quatrième fois consécutive, Will Still reconduit le 3-5-2 mis en place, à l’origine, pour suppléer les absences au milieu de terrain et notamment celle de Matusiwa. Le retour de ce dernier combiné aux présences de Richardson et Munetsi, seuls Atangana et Teuma sont absents, pourrait permettre le rétablissement du système en 4-2-3-1 largement utilisé en début de saison. Mais le coach belge en décide autrement, privilégiant un système qui porte ses fruits depuis plusieurs semaines notamment d’un point de vue défensif, avec un seul but encaissé lors des trois derniers matchs. Il peut en effet sembler logique de penser que face à l’armada parisienne, un système au point défensivement ne sera pas superflu. De Smet retrouve une place de titulaire en piston gauche, tout comme Daramy en pointe aux côtés d’Ito. Salama paye son match plutôt insipide contre Nantes. Munetsi retrouve sa place au milieu profitant de la suspension de Teuma.
Du côté parisien, on voit se former un 4-4-2 à plat à la lecture de la composition d’équipe. Soler occupant le poste, inhabituel pour lui, d’arrière droit, quand Mukiele sera son pendant à gauche avec Kang in-Lee devant lui dans un rôle d’ailier assez axial, en soutien d’un duo Mbappé/Gonçalo Ramos en pointe. Le milieu à deux Zaïre-Emery/Fabian Ruiz essaiera de maîtriser le jeu quand Dembélé aura en charge d’animer l’aile droite.
Alors qu’on attendait une équipe rémoise gonflée à bloc imposant un pressing haut dès l’entame de la rencontre, ce sont les Parisiens qui prennent le jeu à leur compte, monopolisant le ballon et obligeant les Champenois à évoluer très bas, jusqu’à l’ouverture du score venue d’un débordement de Dembélé suivi d’un centre pour Mbappé totalement oublié au second poteau. Le capitaine Parisien ne se fait pas prier pour climatiser le stade après trois minutes de jeu, d’une reprise du plat du pied parfaitement maîtrisée.
Ce but encaissé dès l’entame du match a le mérite de faire entrer dans le match les Rémois, qui vont alors mettre en place un jeu léché constamment porté vers l’avant, propre techniquement, additionné à un pressing haut et intense à la perte de balle qui rappelle forcément le « Gegenpressing » de Klopp. A l’image de Matusiwa qui vient récupérer un ballon dans la surface adverse dans les pieds de Ruiz… Il est rare de voir le milieu néerlandais aussi haut sur le terrain, c’est l’un des avantages de ce système à trois défenseurs axiaux.
Avec un peu plus de réussite, Reims aurait pu égaliser. Ce fut le cas l’espace de quelques instants, lorsque Daramy lancé en profondeur par Richardson centre pour Ito qui conclut d’un plat du pied plein de sang froid. Malheureusement pour les Marnais, le Danois sera signalé en position de hors-jeu. Les Rouge et Blanc ont eu d’autres opportunités, par Ito sur coup-franc direct, par Munetsi et Agbadou dont les frappent fuient inexorablement le cadre ou même par Richardson qui voit sa tentative repoussée par un solide Donnarumma.
Paris a souffert durant cette première période, bien gêné par des Rémois peu avare d’efforts qui les ont bien souvent empêchés de sortir de leur camp et d’être dangereux offensivement. Malgré tout, ce sont les visiteurs qui rentrent au vestiaire avec l’avantage au score.
En seconde période, conscient des déboires qu’a connu son équipe lors du premier acte, Luis Enrique décide de changer son système de jeu et de remplacer Ramos par son compatriote Vitinha. Un attaquant pour un milieu, ce qui permettra de densifier l’entrejeu parisien, d’apporter plus de solutions dans la construction et d’avoir un élément capable de répondre au pressing intense des Champenois.
Ce changement va changer la physionomie du match, surtout que du côté Rémois, on observe un Munetsi évoluant de plus en plus haut sur le terrain, se comportant comme un attaquant de pointe. L’idée est d’avoir une présence supplémentaire dans la surface, mais la contrepartie est qu’on se prive d’un élément important au milieu de terrain. Le résultat ne se fait pas attendre et Paris prive de ballon les hommes de Will Still, qui se contentent de quelques miettes. Mais ces quelques miettes, les Rouge et Blanc les exploitent au maximum et sur un corner, Agbadou est tout proche d’égaliser mais Donnarumma, encore lui, est vigilent.
C’est finalement sur une action, parfaitement construite depuis leur surface, que les Parisiens vont faire le break grâce, encore une fois à Mbappé, parfaitement servi par Soler.
L’entraîneur rémois tente de réagir en sortant Foket et Richardson pour Khadra et Oumar Diakité. Des changements résolument offensifs qui ont failli payer puisque, sur un nouveau corner, Munetsi arme une frappe puissante au point de pénalty mais le portier Italien arrive encore à repousser la frappe du Zimbabwéen. Wilson-Esbrand puis Diakhon entrent à la place de De Smet et Daramy mais sans réussir à inverser la tendance. Les Parisiens vont même éteindre tout espoir rémois en inscrivant un nouveau but en contre par l’intermédiaire de Kylian Mbappé, idéalement servi par Barcola. Le PSG déroule en cette fin de rencontre face à une équipe rémoise désorganisée et à bout physiquement. Mbappé, toujours lui, bute une première fois sur Diouf avant qu’il ne voit sa frappe surpuissante s’écraser sur la barre du portier français.
L’addition aurait pu être injustement plus salée au vu de la performance globale des Rémois, qui voient les nouveaux leaders du championnat s’imposer en terre Champenoise.
L’après-match
Si le Stade de Reims a pu rivaliser en première période face à un PSG quelque peu remanié et en pleine mue depuis le début de saison, la réussite ainsi que la réaction tactique du technicien espagnol ont permis au PSG de s’imposer et de creuser l’écart en seconde période. Nos Rémois n’ont toutefois pas à rougir de cette défaite : ils ont réussi à malmener cette équipe parisienne, à les pousser dans leurs derniers retranchements à l’image de Mbappé, revenu défendre à deux ou trois reprises, chose plus qu’inhabituelle. Mais l’absence de Teuma ainsi qu’un banc n’offrant que peu de solutions tactiques n’ont pas permis aux Rémois d’inverser la physionomie du match. Cependant, cette prestation encourageante démontre que cette équipe est capable de jouer les trouble-fêtes en Ligue 1 cette saison et n’est pas dans le Top 5 par hasard. On voit depuis plusieurs mois se former un vrai plan de jeu, une vraie philosophie de jeu avec une alchimie qui est en train de prendre au sein de ce groupe qui est encore très perfectible sur de nombreux points, ce qui laisse d’énormes espoirs pour la suite de la saison.
Le Stadiste du match
Junya Ito aurait pu jouer au sein de l’armada offensive parisienne qu’il n’aurait pas fait tâche. Ses prises de balles, ses conduites balle au pied, ses débordements, son sang-froid devant le but ne mentent pas. Le Japonais a été à la hauteur de ce grand rendez-vous. Il a été de tous les bons coups, aussi performant dans le jeu que sur coups de pied arrêtés. A chaque fois qu’il touchait le ballon, il pouvait se passer quelque chose. Il a joué juste durant une grande partie du match, plus compliqué dans le dernier quart d’heure de jeu où il manquait clairement de gaz après tant d’efforts. C’est tout simplement le meilleur rémois sur le terrain et ce depuis le début de saison, mais aussi le meilleur joueur sur la pelouse en première période sans aucun doute.
12ème journée · Reims 0-3 Paris
Buteur : Kylian Mbappé (3′, 59′, 82′)
